Jongkind en Hollande
Son enfance
Johan Bartold est le huitième enfant d’une famille qui en comptera dix dont deux mourront avant sa naissance.
A Ornans en Franche-Comté, une semaine après Johan Barthold, naît Gustave Courbet. Les deux artistes se rencontreront à Paris à l’âge adulte.
Son père meurt en 1836 et l’année suivante, sa mère déménage avec sa famille à Maasluis à environ huit km de Vlaardingen ; on s’éloigne de Rotterdam mais on se rapproche de La Haye.
Son apprentissage chez Andreas Schelfhout
Puis, il commence à peindre à l’huile, « Au pied du moulin » est l’une de ses premières toiles. Jongkind peint rarement sur le terrain; pour lui « peindre d’après nature » signifie qu’il réalise ses aquarelles sur place et qu’il les utilise plus tard pour produire ses tableaux.
Sa rencontre avec Isabey
Durant ces neuf années de 1837à 1846, Jongkind a vécu heureux, soutenu par la famille royale, sa famille, ses amis et son maître qui a très vite repéré son talent. Il s’est soumis avec joie mais aussi rigueur au long apprentissage du dessin d’abord, puis du lavis, de l’aquarelle et de l’huile. Mais il a aussi beaucoup observé la nature et s’est nourri de la pensée de ses aînés tels que Rembrandt, van der Neer et bien d’autres. Il manifesta cette influence particulièrement dans ses scènes d’hiver. Très attiré par la lumière du soir, les clairs de lune, il accordait déjà une part importante au ciel dans ses compositions.
C’est riche de tous ces enseignements que Jongkind arrive à Paris en mai 1846.
Retours en Hollande entre 1848 et 1869
Premier voyage en 1848
Fin 1852, sa pension prend fin comme prévu. Jongkind est cependant persuadé que l’arrêt de sa pension est dû aux rapports des espions du roi sur sa mauvaise conduite.
1855-1860 : difficiles années hollandaises
Il se voit contraint de retourner aux Pays-Bas ; le 21 novembre, il quitte Paris.
Après un arrêt à Bruxelles, il est accueilli à Utrecht chez son frère puis reste quelques semaines à Amsterdam et enfin s’installe à Rotterdam. Il est ainsi proche de sa soeur bien aimée qui habite à Klaaswaal.
Avec son accord, la plupart des tableaux laissés dans son atelier sont vendus pour régler ses dettes. Son fidèle ami Sano devra même compléter avec ses propres deniers.
Jongkind est triste, il n’a pas d’amis en Hollande. Ses confrères lui font payer le fait d’avoir exposé dans la section française. Heureusement, il reçoit quelques visites : Beugniet marchand d’art, le Dr Piogey collectionneur, Nadar en 57, Sano.
Martin et Beugniet deviennent ses principaux marchands d’art. Overschie, Klaarwaal, les chemins de halage, les moulins, l’activité des ports de Rotterdam fournissent une grande variété de motifs que les clients de Martin apprécient beaucoup.
Cependant, Jongkind tient à garder son indépendance en peinture, rejette toute influence étrangère et passagère. « Il faut que je fasse les choses à ma manière et pour les autres, c’est rarement bon ». Il dira plus tard à l’abbé Gervat « Continue d’être toi-même, rien d’autre » ;
Même s’il, a besoin d’argent, il n’envoie pas quelque chose qui ne lui plaît pas. Jean Rousseau dira à son sujet en 57 « Jongkind traite vraiment l’art en artiste : nul besoin des exigences bourgeoises. Sa toile est-elle à l’effet ? Elle est finie, il pose son pinceau, il ne perdra pas son temps à la lécher, à la peigner, à l’endimancher pour lui procurer l’entrée des salons ».
Quand Jongkind dit peindre « d’après nature », cela signifie que ses tableaux sont produits d’après des aquarelles réalisées sur place « J’en ai un autre tableau terminé une vue près de Rotterdam et puis une autre en train et très avancé. Je les ai faits après nature, bien entendu j’ai fait des aquarelles après lesquelles j’ai fait mes tableaux »
Mais il regrette Paris « Il n’y a que Paris pour apprendre à savoir faire un bon tableau ». Il y fait un bref séjour en octobre 57, séjour au cours duquel, il rencontre Courbet.
Au salon de Dijon en 58, il obtient une médaille d’argent avec « Port de Hollande, effet du matin » et au salon de 59, il expose « Paysage hollandais, effet de soleil couchant »
En 1860, la détresse de Jongkind est de plus en plus perceptible à travers ses lettres, il est en mauvaise santé et Paris lui manque. Mais en France, on ne l’a pas oublié .En effet, grâce à son intelligence de cœur énorme, il a su tisser un réseau d’amis fidèles qui vont tout faire pour l’aider. Le 7 avril 1860, Cals, le comte Doria, Martin et Hadengue lui-même collectionneur ainsi que d’autres amis organisent une vente aux enchères réunissant les œuvres de 88 artistes dont Cals, Corot, Daubigny, Diaz, Isabey, Millet, Nadar, Th. Rousseau, Troyon…Cette vente rapporte plus de 6000F. Cals est désigné pour aller chercher « le grand Jongkind » à Rotterdam. Le voilà de retour à Paris le 29 avril où l’attend une vie plus heureuse.
Les étés en Hollande de 1866 à 1869
En 1866, du 19 août à fin octobre, il séjourne en Belgique et en Hollande. Il se retrouve chez lui, il voit tout, regarde tout, le vent, l’eau, les navires, les marins…il rapporte un nombre incalculable de notes qu’il va utiliser en atelier, bien aidé par sa fameuse mémoire pittoresque, l’année 1866 sera très fructueuse. De ces carnets de voyage, sortiront de nombreux tableaux : La Grand’Place d’Anvers, le port d’Anvers et l’Escaut, les moulins près du canal de Kinderdijk, clairs de lune, levers et couchers de soleil…sans oublier de nombreuses vues d’Overschie avec son église au clocher si caractéristique.
En 1868, La Haye, Rotterdam, Dordrecht et Delft.